Pendant longtemps, on a pensé qu’en améliorant les moyens de communiquer et de s’informer, on allait permettre à tous de progresser dans leur connaissance du monde ou dans leur capacité à réfléchir et à raisonner et, qu’on aiderait globalement chacun à s’épanouir encore plus dans le rêve, le savoir et la culture. On avait pu mesurer l’impact du livre qui avait augmenté le niveau de compréhension des choses de façon phénoménale puis le cinéma, devenu art à part entière, porteur d’aventures et d’émotions et enfin la télévision dont certains programmes, encore aujourd’hui, apportent réflexion et ouverture d’esprit.
Et puis, il y a eu Internet et les réseaux sociaux... Ces nouveaux médias ont amené des millions d’ignares à proférer des propos insensés, des inepties pleines de fautes d’orthographe, des avis tranchés sur tout, en particulier sur les sujets dont ils ne connaissent rien. Certes, on peut s’amuser des théories complotistes extravagantes qui en émergent, on peut rester stupéfait des images délirantes créées avec l’intelligence artificielle partagées à l’infini, on peut se divertir des âneries absurdes qu’on découvre ici ou là, on peut se prendre au jeu de discussions stériles et énervées avec des inconnus d’un avis contraire, mais qu’en reste-t-il au final ?
On se souvient des morceaux d’un film, même si on l’avait oublié, lorsqu’il repasse à la télévision. On se souvient de l’atmosphère d’un livre, même si on l’a gommé de sa mémoire, pour peu qu’on en relise des bribes. Les échanges sur les réseaux sociaux, c’est de l’énergie stérile, qui n’apporte ni clarté, ni agrément durable.
Le seul fait d’être limité par la longueur du texte qu’on y lit ou qu’on y écrit appauvrit la pensée. Les avis deviennent binaires, comme des algorithmes informatiques : on est pour ou on est contre, sans aucune nuance. Or la vie, c’est l’imprévu en permanence, associant des teintes se différenciant subtilement. On peut raconter une histoire sur la longueur d’un livre, pas sur les trois lignes d’un commentaire sur Facebook ou X. Les utilisateurs des réseaux sociaux en sortent forcément frustrés et cela renforce leur sentiment de solitude.
De ce fait, les gens ont de plus en plus de choses à raconter et il ne s’est jamais écrit autant de livres qu’à notre époque. Mais, dans un même temps, comme les habitudes de lecture se concentrent sur des textes extrêmement courts, les livres se vendent de moins en moins et les libraires, qui se focalisent, pour leur grande majorité, sur les best-sellers sans chercher à promouvoir de jeunes auteurs, ferment les uns après les autres dans l’indifférence générale puisqu’ils se différencient de moins en moins de la FNAC et d’Amazon.
Ce nouveau journal est, à son niveau, une tentative désespérée de résistance à l’effondrement de la culture et de l’art de la déduction, en proposant des textes courts et plaisamment illustrés qui promeuvent l’argumentation et la capacité à se projeter dans d’autres systèmes de pensée. Il est ouvert à tous, pour peu que les textes ou les illustrations proposés soient ludiques, inattendus et plaisants. Il suffit de présenter sa contribution par l’intermédiaire du formulaire qui apparait après avoir cliqué sur « Contact » en haut à droite.
Globalement, l’Imprévu Permanent proposera des réflexions, de courtes histoires, de la poésie, des analyses, l’ensemble étant de nature à apporter de façon aléatoire du rêve, de l’humour, des éléments de pensée hors du conformisme ambiant, de l’érotisme, avec un ton léger et badin. Avec une règle, chère à Alphonse Allais : « Ne nous prenons pas au sérieux, il n’y aura aucun survivant. »